Module de formation – charpente traditionnelle en réemploi

Dans le cadre de la formation OPEC dispensée par les organismes de la fédération éco-construire, j'ai encadré un petit module de 2 semaines, sur les 8 mois que compte la formation, pendant lesquelles l'équipe des stagiaires a pu construire un mur à pan de bois en charpente traditionnelle.

Pour cet exercice, nous sommes allés chercher des surplus de poutres en chêne sur mes précédents chantiers et avons dessiné le mur en fonction de cette ressource.

piquage

J'ai pu, grâce à ce petit module, initier les futurs ouvriers en éco-construction à la technique du piquage, la seule technique qui permet de réutiliser du bois de structure en... bois de structure: les vieilles poutres se sont déformées au fil du temps: l'aubier a disparu, le séchage en place les a vrillées, les charges d'exploitation les ont fléchies, bref, si elles ont pu être rectilignes à la fabrication, elles ne le sont plus.

L'option la plus évidente serait de les re-corroyer, c'est-à-dire de les faire repasser dans des machines pour leur redonner une forme rectiligne, mais cette solution a beaucoup d'inconvénients: elle diminue la section utilisable, elle demande beaucoup de manutention, et  surtout elle est très dangereuse car les vieilles poutres sont presque toujours remplies de morceaux de métal provenant des éléments de fixation du second œuvre, le temps de nettoyage est donc très long et il reste toujours une pointe de clou cassé quelque part qui risque d'endommager les machines de corroyage et de créer des accidents.

Les vieilles poutres finissent donc toujours en bois de chauffage quand on ne connait pas le piquage, qui permet de les réemployer telles quelles, en les nettoyant seulement là où vont se trouver les nouveaux assemblages.

Le piquage consiste à superposer les pièces les unes au-dessus des autres pour copier la forme d'une pièce sur l'autre et ainsi tailler des asemblages parfaitement jointifs quelque soit la forme des pièces. Et cette technique ne nécessite... qu'un fil à plomb!

montage à blanc et levage

La taille d'assemblages traditionnels sur du vieux bois est assez difficile, surtout avec des machines conçues pour être posées sur des surfaces planes, le pan de bois a donc été taillé entièrement à la main.

En plus de développer la proprioception interne et les capacités physiques des stagiaires, le travail sans moteur répond à la nécessité de plus en plus forte de repenser notre consommation énergétique et notre dépendances aux énergies fossiles. Il permet également de prendre le temps de comprendre ce qu'on fait, évite les erreurs trop importantes et les risques d'accidents graves.

Être capable de construire ses propres engins de levage et de manutention et ses propres échafaudages fait partie des compétences d'un constructeur bois, le levage a donc été effectué à la chèvre à poulies, construite sur place.

isolation et enduits

Une partie de la suite du chantier a été gérée par Terramano qui a formé les stagiaires à l'isolation en torchis, une technique très facile à intégrer dans une structure en charpente traditionnelle.